Ottawa consacrera 86 millions pour endiguer l’introduction au pays d’armes illégales et lutter contre la recrudescence de la violence liée aux armes à feu.
L’Agence des services frontaliers du Canada recevra 60 % de cette somme – 51,5 millions sur cinq ans – pour rehausser notamment son Service de chiens détecteurs, qui aide les agents aux frontières terrestres à détecter les drogues et les armes à feu. Les sommes annoncées jeudi serviront également à étendre la technologie des rayons X dans les centres de tri postaux et les installations de fret aérien.
La Gendarmerie royale du Canada, de son côté, recevra 34,5 millions sur cinq ans pour améliorer ses services de renseignements, afin d’intercepter davantage de trafiquants d’armes à feu et de contrebandiers aux frontières.
Cette enveloppe fait partie d’un engagement de 327 millions sur cinq ans – et de 100 millions chaque année par la suite -, annoncé en novembre 2017 par le gouvernement libéral pour lutter contre les activités criminelles liées aux armes à feu et aux gangs.
Selon le gouvernement, l’Agence des services frontaliers du Canada a saisi 467 armes à feu en 2017, ce qui représente une augmentation de près de 19 % par rapport à 2016.
Le ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, Bill Blair, a déclaré que les consultations publiques sur une éventuelle interdiction des armes de poing et des armes d’assaut au Canada se poursuivaient, et qu’il devrait remettre un rapport au gouvernement d’ici la fin de l’année.
Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a déclaré que la violence armée et le crime organisé sont des problèmes graves au Canada et que l’approche du gouvernement libéral est axée sur la prévention, les moyens de permettre aux membres d’en sortir et l’application de la loi : faire preuve « d’intelligence contre le crime », dit-il.
« Il faut une approche multidimensionnelle et on doit tous travailler en équipe de façon cohérente », a déclaré M. Goodale.
« Il faut agir au sein des communautés. Il faut des interventions policières renforcées. Il faut une surveillance renforcée à la frontière. Il s’agit d’un plan complet et cohérent, auquel il faut ajouter un soutien législatif dont fait partie le projet de loi C-71 », a-t-il ajouté en référence à la loi sur les armes à feu des libéraux, qui suit toujours le processus d’adoption au Parlement.
Dans ce qui avait tout l’air d’un duel de conférences de presse, jeudi, les conservateurs ont essayé de présenter leurs propres mesures de lutte contre les armes à feu et les gangs criminels comme étant les plus efficaces.
Les conservateurs veulent des peines plus sévères
Le chef conservateur Andrew Scheer a dévoilé sa propre plateforme de lutte contre les gangs criminels, incluant notamment des peines plus sévères pour leurs membres.
M. Scheer souhaite davantage de mesures punitives à l’encontre des membres de groupes criminels. Il veut imposer des peines d’emprisonnement plus sévères et limiter les possibilités de libération conditionnelle et de mise en liberté sous caution pour les membres de gangs récidivistes et violents.
« Les conservateurs vont prendre des mesures pour aider la police à cibler plus facilement les membres de gangs et à les mettre derrière les barreaux, là où ils doivent être », a déclaré le chef de l’opposition à des journalistes à Brampton, en Ontario. « Nous allons mettre fin au système carcéral à portes tournantes et sortir définitivement ces voyous violents des rues », a-t-il poursuivi.
Andrew Scheer a fermement rejeté l’idée d’une interdiction des armes de poing, affirmant que cela serait un geste plus symbolique que concret.
« C’est de la gouvernance paresseuse de demander aux personnes respectueuses des lois de respecter encore plus de lois. C’est plus difficile et plus exigeant de sortir les vrais criminels des rues », a critiqué le chef conservateur.